La prise de pouvoir par les talibans en août 2021 met fin à la carrière de Zholia Parsi, qui enseignait le farsi à Kaboul. Les restrictions visant à effacer les femmes de l’espace public, en les incitant à rester chez elles, contraignent également ses filles à interrompre leurs études. Elle décide alors de défier les talibans malgré les risques énormes et fait preuve d’un leadership exceptionnel en fondant le Mouvement spontané des femmes afghanes (SMAW) et en organisant de nombreuses manifestations publiques, d’abord avec ses amies, puis en ralliant rapidement d’autres femmes et communautés à leur cause, à Kaboul et dans d’autres provinces.
Au cours de ces manifestations contre l’apartheid de genre, les manifestantes sont largement dépassées en nombre par les talibans armés, qui les soumettent à des insultes, des intimidations et parfois des agressions physiques. Certaines d’entre elles sont arrêtées, pendant et après les manifestations.
Face à la répression brutale des manifestations de rue, le SMAW commence à organiser des manifestations en intérieur et en ligne, et à s’engager dans une mobilisation nationale et internationale en publiant des déclarations et en diffusant des informations sur leur quotidien à l’étranger pour montrer la réalité de la vie sous le régime taliban. Depuis, le SMAW s’est développé à Kaboul et dans d’autres provinces, comptant désormais 180 membres et mobilisant des communautés pour résister aux politiques et pratiques talibanes. En septembre 2023, Zholia Parsi est arrêtée dans la rue par des talibans armés, forcée de monter dans une voiture, un sac sur la tête, puis détenue avec son fils. Dans un système judiciaire soumis de force à une interprétation répressive de la charia, elle est placée en détention sans accès à un avocat et sans droit de visite pour sa famille. Elle est soumise à des actes de torture et à des mauvais traitements pendant trois mois avant d’être libérée.
Les membres du SMAW font face à intimidations, usage illégal de la force, arrestations et détentions arbitraires, disparitions forcées, des actes de torture et des mauvais traitements. Depuis la création du SMAW, au moins huit membres ont été enlevés et emprisonnés.
Forcée de vivre en exil depuis sa libération, Zholia Parsi continue à défendre sa cause et à organiser des manifestations en intérieur dans différentes régions d’Afghanistan.
Le SMAW exige la fin de l’apartheid de genre et l’annulation de plus de 50 édits et décrets talibans profondément discriminatoires à l’égard des femmes ; la libération immédiate et inconditionnelle des personnes détenues ou disparues en raison de leurs activités en faveur des droits humains ; l’obligation de rendre compte des violations flagrantes des droits humains ; et que la communauté internationale ne reconnaisse pas les talibans ni ne normalise les relations avec eux.