M. Ny Sokha, M. Yi Soksan, M. Nay Vanda, Mme Lim Mony et M. Ny Chakrya, alias “les 5 Khmers”, sont des défenseurs des droits humains cambodgiens. Victimes de harcèlement judiciaire, ils ont passé 427 jours en détention provisoire en raison de leur travail légitime dans le domaine des droits humains. Leur détention a été largement critiquée et le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a déclaré, dans une décision historique, que leur détention était arbitraire. Ils sont au premier plan du mouvement de promotion et de protection des droits humains au Cambodge. Leur travail de défenseurs des droits humains contribue à donner à des milliers de Cambodgiens les moyens de défendre eux-mêmes activement leurs droits et de demander justice.
Ny Sokha, Yi Soksan, Nay Vanda et Lim Mony sont tous hauts responsables de l’Association cambodgienne pour les droits de l’homme et le développement (ADHOC), l’une des principales ONG cambodgiennes de défense des droits humains. Ny Chakrya, ancien membre de l’ADHOC, est à présent Vice-Secrétaire général de la Commission nationale électorale cambodgienne (NEC), organe responsable de la supervision des élections et des enquêtes internes sur les allégations de fraudes électorales. Il est le seul membre de cet organe à être indépendant et non partisan. ADHOC, fondée par un groupe d’anciens prisonniers politiques en 1991, est une ONG de protection et de promotion des droits humains, de l’État de droit et de la démocratie au Cambodge. Elle a joué un rôle clé dans la protection des personnes démunies victimes de violations flagrantes des droits humains en leur donnant des conseils et en leur apportant un soutien juridique et matériel.
La détention des cinq défenseurs des droits humains s’inscrit dans le contexte d’une aggravation de la répression menée contre la société civile et l’opposition politique au Cambodge, avec de nombreuses personnes arrêtées et poursuivies en justice en raison de leur travail légitime dans le domaine des droits humains. Les cinq avaient travaillé ensemble sur l’affaire de Mlle Khom Chandaraty, une femme qui aurait eu une relation extra-conjugale avec Kem Sokha, alors leader par interim du plus grand parti de l’opposition au Cambodge. Les cinq défenseurs n’ont fait que jouer le rôle qu’ils occupent au sein de l’ADHOC en apportant à Chandaraty une assistance juridique et matérielle de routine. Mlle Chandaraty avait sollicité l’aide de l’ADHOC alors qu’elle faisait l’objet d’une enquête judiciaire sur cette présumée liaison. Après avoir nié avoir eu une relation extra-conjugale avec Kem Sokha, elle a ensuite changé sa version des faits et a admis la liaison. Dans une lettre ouverte, Khom Chandaraty a prétendu que les Cinq l’avaient convaincue de mentir au cours de l’enquête.
Les 27 et 28 avril 2016, les #Freethe5Kh ont été convoqués et interrogés pendant la nuit dans les locaux de l’Unité de lutte contre la corruption. Leur détention a été officiellement reconnue le 28 avril. Le juge d’instruction a inculpé les cinq défenseurs de corruption de témoin. Ils ont été placés en détention provisoire le temps de l’enquête judiciaire.
Le 29 juin 2017, le tribunal municipal de Phnom Penh a ordonné la libération des Cinq après 427 jours de détention provisoire. Ils sont interdits de voyager et attendent que la date de l’audience de leur procès soit fixée. En août 2016, 55 organisations cambodgiennes et internationales de la société civile ont lancé la campagne #Freethe5kh pour soutenir les cinq défenseurs des droits humains, sensibiliser pacifiquement l’opinion publique à leur détention, leur témoigner leur solidarité en leur rappelant qu’ils n’ont pas été oubliés et appeler à leur libération immédiate. Malgré l’incertitude à laquelle ils sont confrontés, les cinq défenseurs ont fait preuve d’un courage et d’une détermination exemplaires. Ils ont réitéré, sans relâche, leur détermination à continuer de promouvoir les droits humains et de combattre l’injustice au Cambodge. Reste à savoir dans quelle mesure ils pourront poursuivre leur travail dans le domaine des droits humains alors que cette affaire continue de planer au-dessus de leurs têtes et de lier leurs mains de façon invisible.